3FF5 & Handicap… Ils l’ont fait !

Cette année encore, j’ai participé au Défi 3 Fois Forgé de PTG/PTB… et puis j’en ai parlé aux jeunes avec lesquels je fais du JdR dans le cadre de mon travail, et bien entendu, eux aussi ont voulu participer.

C’est quoi le 3FF ?

Première difficulté rencontrée : expliquer ce qu’est le 3FF et comment se déroule ce Défi. L’affaire n’est pas mince. Il faut trouver les phrases courtes, les mots simples, ceux qui parlent.

« On va devoir créer un jeu.

Attention, on a un temps limité pour créer ce jeu.

Ce jeu, on va le passer à un autre créateur de jeu, pour qu’il le développe, l’améliore, …

On va nous aussi recevoir un jeu d’un autre créateur.

Mais pas le même que celui à qui on aura passé le nôtre.

Ce jeu qu’on va recevoir, on devra nous aussi le développer, l’améliorer.

Là aussi, attention, on a un temps limité.

Ensuite, à nouveau, on passe ce jeu à un autre créateur, encore différent, pour qu’il le finisse.

Et nous aussi, on va recevoir un jeu à finir.

Et là encore, on a un temps limité.

Ensuite, le jeu qu’on aura fini va être noté par les autres créateurs.

Et on va recevoir des jeux finis à noter nous aussi.

Il y a des critères pour noter : on ne fait pas ça au pif.

Et encore une fois, on a un temps limité ».

Vaste programme… mais au final, ce qui importe, et ce qu’ils ont très bien compris, c’est qu’ils allaient pouvoir créer LEUR jeu.

 

 

Le brainstorming

Très rapidement, les créateurs en herbe se mettent d’accord sur l’idée que le jeu devra avoir un système simple, facile à comprendre, mais qu’il devra rester intéressant pour les joueurs plus chevronnés. Il y aura donc un jeu à 3 niveaux : Débutant, Confirmé, Expert.

Waow ! Ils m’épatent ! Mais comment mécaniser ça ? On verra…

La suite est plus brouillonne : Ils se mettent d’accord sur un univers Fantasy, mais…

« Je veux des pompiers et un incendie ! ». Euh… OK

« Ah oui, et des bagnoles et on se bat contre les flics ! ». Ah ? Bon…

 « Il faut que ce soit un jeu avec un maximum d’action ! ». Ok, on note.

 « Il faut que ce soit méga fun ! ». Ok, yaka.

« Oui, mais faut qu’on ait la pression ! » – « Oui et plein d’argent ! »… Je sue.

« Il faut pas qu’on meurt. Ou alors si on meurt, on a un truc à faire genre magie, rituel machin ou mission pas trop dure pour revenir dans le jeu ». OK, validé.

Les paroles fusent encore plusieurs minutes et je me retrouve avec une page remplies de bonnes idées, mais avec lesquelles je vois mal comment on va pouvoir construire un tout cohérent.

Une semaine plus tard…

On arrive à trouver un consensus sur une histoire de braquage qui tourne mal et une course-poursuite totalement folle.

Après pas mal de réflexion, on trouve un système un peu de bric et de broc pour faire vivre tout ça.

Je mets l’ensemble par écrit et le présente au groupe. On teste, on retouche, on bidouille…

 

Quand la COVID s’en mêle

Le re-confinement intervient là, la première phase pas tout à fait terminée, et le groupe se voit séparé physiquement.

Avec les quelques-uns qui ont accès aux nouvelles technologies de communication, on essaie de rester en contact hors des temps sur la structure, mais on n’a pas les contacts de tout le monde et il faut dire ce qui est :

Quel que soit le support de communication virtuel utilisé, c’est beaucoup plus difficile de se comprendre comme ça que tous autour d’une table.

Un nom émerge tout de même, un pseudo pour le groupe : Fantôme. Pourquoi ? Ben… parce que c’est cool ! Et puis on n’a pas trop d’autres idées non plus.

Bref. La première forge est envoyée dans les délais.

https://ptgptb.fr/3FF5/etape1/SAUBORN.docx

2nde forge en pleines vacances

Lorsqu’on reçoit le jeu qui sera la seconde forge, on est la veille des vacances ! J’en fais une lecture expliquée que je transmets sous forme vocale via messenger. J’ai assez peu de retours hormis des « c’est bien ». Je comprends vite qu’il va falloir mettre le paquet dès la rentrée.

De retour au boulot, je réunis un maximum de jeunes, et on fait un gros brainstorming :

«  On est gentils ou méchants dans ce jeu ? On se bat contre les humains ou pas ? Et entre nous ? On peut mourir ou pas ? On a des pouvoirs magiques ou pas ? Le système ? C’est assez simple ou pas ? »

Puis des idées interviennent :

« Il faudrait des militaires méchants ! 

– Oui, et des mitraillettes aussi ! tatatatatata ! » …

Bref, on est reparti. Et qui qui va devoir mettre tout ça au propre ? C’est bibi…

J’avais du mal à y croire, mais malgré tout, on est dans les temps pour rendre la forge.

https://ptgptb.fr/3FF5/etape2/NEPLAND-2.docx

3ème forge : dur dur !

Quand on reçoit le jeu pour la 3ème forge, ça se complique de suite. Pourquoi ? Tout simplement parce que ça commence à faire beaucoup de texte et de règles à lire et expliquer pour moi, à suivre et à comprendre pour eux.

La lassitude commence à se faire sentir chez certains.

Ensuite, ce qui est complexe pour eux, c’est qu’on est encore sur une histoire d’immortels, comme pour la deuxième forge, et que du coup ça génère beaucoup de confusion dans leurs esprits.

Il y a dans ce jeu une vague allusion à la mythologie, mais avec pas mal d’approximations qui jettent le trouble. On décide déjà d’ancrer le jeu dans la mythologie de façon beaucoup directe et franche. On va chercher des textes mythologiques et on les retravaille un peu pour que ça colle mieux.

Je vous passe les détails : brainstorming, idées qui volent librement, notes prises de tout ça, gros boulot de mise au propre… Le groupe remet sa forge et on souffle enfin.

https://ptgptb.fr/3FF5/etape3/SAMGAI-3.pdf

On souffle ? Nonnnnnn !

Le groupe Fantôme avait oublié qu’il y avait la phase d’évaluation des jeux d’autres créateurs, et c’est de loin de travail le plus difficile !

Les échanges par NTC sont peu concluants. Le temps passe.

Pas le choix : je dois sacrifier les temps de jeu de l’activité JdR, quand les jeunes l’acceptent, pour faire avec eux ces évaluations.

C’est difficile, laborieux : il faut tout lire, expliciter, rendre accessible, pendant des heures, alors que les jeunes ont pour la plupart entre 5 et 15minutes d’attention maximale.

Mais ils le font ! Ils vont au bout ! Après deux après-midi complets, j’ai des notes pour l’évaluation de 4 jeux.

 

Et pour finir

J’ai interpellé au moins 3 fois les organisateurs, à chaque étape ou presque, pour les alerter que le groupe finirait difficilement dans les temps, voir pas du tout, ce 5ème Défi 3 Fois Forgé, mais je me suis trompé.

Pour la prochaine édition, je leur proposerai à nouveau de participer, mais  je ne participerais plus à titre personnel, pour me consacrer plus à fond à leurs créations. Parce qu’avec un peu d’aide, ils en sont capables : ils peuvent créer des JdR.

Malgré le confinement, les vacances, l’éloignement, les difficultés de communication, les difficultés pour se réunir, les difficultés liées au handicap, ils l’ont fait ! Leur création à fini 8ème, et la mienne 10ème… Autant vous dire qu’ils sont fiers ! ILS L’ONT FAIT !!!

Et qu’en disent-ils ?

Minus Petit-Pied : « Au début c’était facile, parce qu’on créait notre univers et nos règles comme on voulait, mais après c’était plus dur, surtout mettre les notes ».

 « Le jeu  qu’on  a  créé  (la première forge) il est  bien ; il est  facile  pour  les débutants  et trop simple  pour jouer  avec  des enfants  ou des  juniors. Mais  faut  préciser  que faut  être  bien concentré. Mais si vous  avez  des  problèmes  avec  ce jeux  vous  le dites. Mais nous  on l’a testé ;   on n’a pas eu de  problème. Donc voilà. Merci ».

Gorm le Destructeur : « Ce que j’ai préféré c’est raconter les histoires. »

Joe de Mortegriffe : « Oui c’était bien. J’ai aimé. »

 

Retrouvez tous les jeux de la 5ème édition de ce sympathique défi sur la page https://ptgptb.fr/defi-troisfoisforge-5-les-jeux

 

Écrit par Yaakab

Auteur de la Chronique JDR et Handicap

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Un commentaire

  1. Bravo aux handicapés (l’équipe Fantôme!) ; leur premier jeu “Braquage à la française” est arrivé 7e après être passé dans d’autres mains, et a été remarqué pour sa facilité de mise en marche, son ton argotique -> “Je m’imagine très bien faire jouer à ce jeu au club de JdR, un soir où vraiment personne n’a rien prévu.”

    Le jeu dont ils ont repris l’étape intermédiaire, “Les Incarnés” a fait encore mieux : 5e, aux portes de la finale, pour ceux qui ont “une existence éternelle au travers de multiples vies.”
    Les critiques en ont souligné l’excellente jouabilité.

    Enfin, le jeu de 23 pages de l’équipe a écrit la moitié, le JdR final présenté est “Les Héritiers de Gaïa”, arrivé 8e sur 17. L’on y joue des demi-dieux qui doivent protéger la Terre de la menace des Damnés. Les histoires sont à créer soi-même en interprétant les tirages de 2 jeux de 54 cartes!

    Bravo à eux, être dans la première moitié du classement est vraiment très bien !