Il y a 1001 façons de voyager au travers d’un jeu de rôle, mais l’outil préféré d’Argonaus, c’est les cartes. On peut y situer des villes, des montagnes et des plaines, et encore bien d’autres choses pour projeter l’imagination et « encrer » les spécificités du monde que vous proposer à vos joueurs.
C’est lors d’un échange par mail que j’ai pris connaissance du fabuleux travail d’Argonaus, un artiste explorateur, c’est donc avec un immense plaisir que je vous le présente, ainsi que son travail.
Kinayla : Salut Argonaus. Est-ce que tu peux te présenter pour nos lecteurs ?
Argonaus : Je m’appelle Théo, mais on me connaît plus sous mon nom d’artiste, Argonaus. J’ai 30 piges depuis peu, et je dois pratiquer le Jeu de Rôle depuis 7 ans. A côté de ça, je fais énormément de sport, dont des arts martiaux historiques européens. L’aspect historique de cette pratique, on va beaucoup le retrouver dans mon travail (tout est lié!)
Kinayla : Comment as-tu connu le Jeu de rôle ?
Argonaus : J’ai eu la chance immense de rencontrer très tôt des MJ extrêmement bienveillants qui m’ont accepté à leurs tables. J’avais déjà de l’intérêt pour cela sans jamais avoir pu essayer, alors dès qu’on m’a donné l’occasion de tenter le coup, je n’ai même pas hésité. Dans le jeu de rôle, il y a aussi cet aspect exploration : on part d’un personnage naïf, qu’on fait grandir au fil de ses voyages.
Kinayla : D’après toi, qu’est-ce qui fait la force du JDR ?
Argonaus : C’est la capacité qu’il a de faire rire, imaginer et rassembler les gens, tout en incitant à la créativité. Pour moi, le MJ est un artiste qui nous offre un voyage dans sa création et qui invite à faire preuve d’inventivité. En une seule activité, on stimule plusieurs d’intérêts, tout en voyant les copains. Je pense sincèrement que tout le monde devrait essayer au moins une fois, rien que pour voir les liens qu’on peut créer avec une bonne partie. Après tout, le JDR à su se rendre très accessibles ces dernières années, il faut en profiter.
Kinayla : Y a t-il des univers de Jeux de Rôle que tu préfères ?
Argonaus : Oui ! Je suis un fan de l’univers de Warhammer 40000, j’y joue avec mes MJ (j’ai commencé par le jeu de figurine il y a 14 ans). Alors Rogue Trader, Deathwatch, Only War, et toutes les bizarreries qu’ils ont créées dans ce contexte… C’est mon truc.
Kinayla : Tu dessines des cartes depuis un moment, peux-tu nous en dire plus sur ton travail de cartographie
Argonaus : Je réalise des cartes, principalement pour les jeux de société et les jeux de rôles. Ce que j’essaye de faire avec mes cartographies, c’est de réussir à illustrer le plus fidèlement possible à la fois la géographie d’un monde (la carte elle-même), et son histoire, grâce à des références dans sa bordure par exemple.
Kinayla : Depuis combien de temps ? Tu as déjà fait combien de cartes environ ?
Argonaus : Je me suis véritablement mis à la cartographie aux alentours de mes 22 ans, 1 an avant de connaître le JDR, qui a été une influence majeure pour moi. Depuis mes débuts j’ai réalisé plusieurs centaines de cartes de tout genre, et je me suis récemment lancé dans des projets beaucoup plus massifs. Alors forcément, j’en fais moins à l’année ( »ça ne compte quand même que pour un »)
Kinayla : Comment travailles-tu et pour qui ?
Argonaus : Je réalise des cartographies à la main : encre, aquarelle, crayon, etc, pour obtenir un rendu le plus proche possible des cartes historiques. C’est d’ailleurs ma meilleure source d’inspiration. Ce que je fais s’adresse principalement aux personnes qui développent leur univers et qui veulent lui donner vie, ou plus largement à ceux qui aiment voyager vers des contrées inconnues. Le plus souvent, mes projets de cartographie sont en lien avec le JDR.
Kinayla : Est-ce que tu as déjà travaillé pour des éditeurs, ou plus pour des auteurs et MJ passionnés
Argonaus : Pour l’instant, j’ai travaillé pour des MJ et joueurs dans une écrasante majorité. J’ai du mal à me faire connaître auprès des éditeurs ; ça a toujours été l’une de mes grandes faiblesses, la com’.
Kinayla : Pourquoi avoir choisi la cartographie pour le JDR ?
Argonaus : Ce choix, c’est d’abord l’histoire d’une sorte de frustration : l’intégralité de cette terre a déjà été explorée par nos ancêtres, et ce sont nos descendants qui pourront visiter les étoiles. Nous, nous sommes « coincés » dans un moment de l’histoire où il ne nous reste plus rien de neuf à découvrir, et où nous n’avons pas la technologie de voyager davantage. Alors je me fais mes propres voyages. Avec une carte, on peut prendre le temps de visiter un monde entier en une seule œuvre… Chaque cartographie me permet d’être dans ma bulle le temps d’une exploration.
Kinayla : Est-ce qu’il y a des univers que tu aimerais bien cartographier ? Ou des défis de dessins sur des thèmes que tu aimerais suivre pour pousser plus loin ?
Argonaus : Oui ! Mais ils n’existent pas encore ; je m’explique : comme l’exploration est au cœur de ma démarche, ce qui me plaît le plus, c’est de faire des cartes pour des univers que personne n’a encore exploré. Des nouveaux projets, en somme. Comme ça, je suis un peu l’un des premiers à fouler ces terres inconnues.
Concernant mon thème de prédilection pour mes projets persos, je dirais sans hésiter qu’il s’agit de représenter les instincts humains profonds, comme la volonté de puissance, le désir de conquête, la pulsion de protection… Toutes ces choses que la modernité muselle chez nous, mais qui sont quand même là, au fond.
Kinayla : Est-ce que tu as déjà pensé à Cartographie des plans de villes, villages, ruines qui soient un zoom d’une de tes cartes ?
Argonaus : Justement, j’ai déjà fait la carte de Lille pour un client privé, et en mars, je rencontre l’adjointe à la culture de Dijon pour lui proposer une cartographie géante du centre de Dijon. Souhaitez moi bonne chance !
Kinayla : Et bien bonne chance.
Peux-tu nous raconter l’histoire derrière quelques-unes de tes cartes ? Ta première carte ou la carte dont tu es le plus fier ?
Argonaus : Avec plaisir. Je peux vous parler de Viridi Oris. Je suis en train de concevoir un univers depuis un petit moment, qui me sert de prétexte artistique pour explorer certaines questions. Et Viridi Oris, c’est la toute première carte sérieuse que j’ai réalisée, issue de cet univers. Elle représente mon niveau technique maximal (pour l’instant), et aborde le thème du courage et de la violence qui couve en nous tous. Un grand groupe de guerrier embarque pour une planète inconnue, pour y affronter une faune anormalement agressive, carnivore et improbable. C’est le combat de l’homme contre la nature, et de ce qu’il est capable d’accomplir pour la vaincre. A noté que ce sujet n’est pas pour moi une »critique » de la violence humaine, mais plutôt une occasion de la montrer simplement, sans jugement, pour l’accepter en soi.
Kinayla : Et pour ceux qui voudraient te contacter, ou est-ce qu’on peut te retrouver ?
Si vous voulez me suivre sur les réseaux sociaux, je suis sur Instagram et sur Facebook, sinon le plus simple pour les commandes, ça reste tout de même le mail contact.argonaus [a] gmail.com
Merci d’avoir recueilli mon témoignage ! Et j’espère tous vous revoir très bientôt
Interview très sympa. C’est un artiste que je suis depuis plusieurs années, j’aime beaucoup son travail.
C’est vraiment super qu’il progresse dans son art et son travail, il faut parler de lui 🙂
J’espère avoir le temps un jour de l’interviewer aussi ! ^^
Salut l’ami, ici Argonaus, l’artiste de l’article. Merci pour ton commentaire ! Si tu veux me contacter pour qu’on fasse un truc ensemble, n’hésite pas : mon mail est à la fin de l’article o/