Depuis mon petit séjour au calme sur les terres qui m’ont vu grandir, je reconnecte avec mes souvenirs d’enfance et je me pose cette question : à quoi jouait-on quand nous étions enfants ? Bien entendu, vous allez me dire que cela dépend de notre génération. Mais je parie que l’on peut trouver des similitudes d’une génération à l’autre.
Une affaire de génération ?
Je suis personnellement né à l’articulation entre les générations X et Y, à la fin des années 70.
Chaque fois que je reviens ici, vers mes racines, je me revois enfant avec mes voisins, inventant mille histoires pour nos jeux extérieurs et intérieurs. Une constante : ces jeux étaient tous portés par des univers plus ou moins riches et plus ou moins inspirés de la pop culture de l’époque.
Nous étions Spectreman, X-Or contre les cerex, Albator, Cobra, Ulysse, Goldorak contre les golgoths, Capitaine Flam, Davy Crockett, Ronny le petit Cid, Taram, Vic le Viking, Gildas le petit gitan, et j’en oublie certainement.
Ces jeux reflétaient l’imaginaire collectif de notre époque, influencé par les séries télévisées, les dessins animés et les bandes dessinées qui peuplaient nos heures de loisirs. Chaque personnage et chaque univers apportait son lot d’aventures et de défis, nourrissant notre créativité et notre imaginaire.
En revisitant ces souvenirs, je me rends compte que, malgré les différences générationnelles, il y a des thèmes et des activités qui traversent le temps. L’envie de se plonger dans des univers fictifs pour vivre des aventures extraordinaires est une constante dans l’enfance. Que l’on soit né dans une décennie ou l’autre, cette quête d’évasion et de transformation en héros ou en aventurier reste une part essentielle de l’enfance.
D'une enfance à l'autre
J’ai le bonheur d’être trois fois père aujourd’hui, avec des enfants de 8 à 21 ans. J’aime observer mes enfants lorsqu’ils jouent. Je l’ai toujours fait, depuis leur plus tendre enfance.
Les enfants et ados d’aujourd’hui, bien que plongés dans des univers numériques avec les jeux vidéo, les plates-formes de streaming et les réseaux sociaux, continuent de s’inspirer de la pop culture pour créer leurs propres histoires. Les super-héros des films Marvel, les personnages de jeux comme Minecraft ou Fortnite, ou encore les mondes fantastiques des mangas et animés, sont autant de sources d’inspiration pour leurs jeux.
Ainsi, malgré les évolutions technologiques et culturelles, le cœur des jeux d’enfants demeure le même : une quête d’imaginaire, de découverte et de partage.
Ces moments de jeu, qu’ils se déroulent dans un jardin, un salon ou à travers un écran, restent des moments précieux de créativité et de camaraderie.
Dans ce processus immuable, ils jouent comme nous jouions des rôles qui nous permettaient d’explorer le monde, de comprendre les autres et de grandir.
L'art de l'adaptation
Un aspect fascinant des jeux d’enfants, je parle ici des plus jeunes, est la manière dont ils enrichissent et modifient constamment les règles et l’univers du jeu. En cours de jeu, il n’est pas rare d’entendre des phrases comme « sauf que« , « d’accord mais alors… », ou encore « et si… » qui viennent ponctuer le déroulement des aventures. Ces expressions sont des marqueurs d’une dynamique collective où chaque enfant cherche à satisfaire ses envies tout en trouvant un consensus avec les autres.
Par exemple, si un enfant décide soudainement que son personnage possède un pouvoir supplémentaire, il le fera savoir avec un « sauf que maintenant, je peux voler ». Cette annonce entraîne souvent une cascade de réactions et d’ajustements de la part des autres joueurs : « D’accord, mais alors moi, je peux te rattraper avec ma super vitesse ». Ainsi, le jeu se transforme et évolue continuellement, enrichi par l’imagination et la créativité de chaque participant.
Cette flexibilité et cette adaptabilité sont essentielles pour maintenir l’intérêt et l’engagement de tous les joueurs. Les enfants, dans leur quête de satisfaction commune, sont prêts à accepter ces modifications tant qu’elles restent dans le cadre de l’univers qu’ils ont construit ensemble. Ils négocient, débattent, et trouvent des compromis, apprenant ainsi des compétences sociales précieuses comme la coopération, la négociation et le respect des idées des autres.
De plus, les jeux d’enfants intègrent naturellement les spécificités, sensibilités et fragilités de chacun. Ces aspects sont traités et pris en compte par des contrats sociaux implicites. Par exemple, si un enfant est moins à l’aise avec certains aspects du jeu ou a des besoins particuliers, les autres enfants adaptent instinctivement le jeu pour inclure tout le monde. Cette adaptation peut se faire avec une facilité déconcertante, souvent sans même que les enfants en soient conscients.
Il n’est pas rare d’entendre des échanges comme « Je sais que tu n’aimes pas courir, donc tu peux être notre guetteur » ou « D’accord, mais alors tu seras le gardien du trésor, c’est important ». Ces ajustements permettent de maintenir une harmonie et un équilibre dans le jeu, tout en assurant que chaque participant se sente valorisé et inclus.
Ces contrats sociaux implicites montrent à quel point les enfants sont capables de gérer des dynamiques interpersonnelles complexes. Ils savent intuitivement comment faire des concessions, respecter les limites de chacun et trouver des solutions créatives pour que tout le monde puisse participer et s’amuser. Ces interactions renforcent leur compréhension de l’empathie, de la tolérance et du respect mutuel.
Du jeu au Je, puis au Nous
Les jeux d’enfants ne sont pas seulement des moments de divertissement, mais aussi des microcosmes où se forment et se renforcent des compétences sociales et émotionnelles essentielles. Ils apprennent à écouter, à s’adapter, à coopérer et à créer ensemble, tout en respectant les spécificités de chacun. Ces expériences enrichissent non seulement leur enfance, mais aussi leur capacité à naviguer dans le monde des adultes.
Ces dynamiques de jeu trouvent un écho particulier dans les jeux de rôle modernes, qui permettent aux adultes de se reconnecter à cette manière de jouer et de grandir. En plongeant dans des univers fictifs, en assumant des personnages divers et en collaborant avec d’autres joueurs pour raconter des histoires, les adultes peuvent retrouver cette liberté créative et cette capacité d’adaptation propres à l’enfance.
Les jeux de rôle offrent un espace où l’imagination et la coopération sont primordiales, rappelant les jeux de notre enfance où nous inventions des mondes et des règles à mesure que nous jouions. Ils permettent également de renouer avec son enfant intérieur, cette partie de nous-mêmes qui aspire à l’évasion, à l’aventure et à la découverte.
En jouant à ces jeux, nous ne faisons pas que nous divertir ; nous réapprenons à écouter les autres, à nous adapter à des situations nouvelles et à intégrer les besoins et les sensibilités de chacun. Les jeux de rôle sont ainsi un moyen précieux de développer des compétences sociales et émotionnelles, tout en nous offrant l’occasion de nous reconnecter avec cette essence ludique et imaginative de notre enfance.
Pour finir
En fin de compte, que ce soit à travers les jeux d’enfants ou les jeux de rôle, nous continuons à explorer, à créer et à grandir, enrichissant nos vies de moments de partage et de connexion authentique.
Alors ? Êtes-vous prêts à rejouer comme lorsque vous étiez enfants ?
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