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Amadou présente : Hunter, le jugement

Les lectures rôlistique d’Amadou

Quoi qu’on en dise, le JdR est d’abord un loisir de lecture, et un JdR est surtout un livre. C’est même le cœur du travail de maître de jeu : lire, comprendre et s’immerger. 
Lire un livre de JdR pour moi n’est pas une lecture comme les autres : difficile de se lancer dans une autre lecture après. Des idées, des images et des émotions me traversent. J’ai envie de les partager, avec vous. 
 
Dans cette chronique, je vous propose le compte rendu d’une lecture d’un ouvrage de JdR en 3000 caractères environ : plaisir de lire, immersion dans les illustrations et sentiments à la lecture. 
 
Mon but : poser en quelques mots ce que provoque la lecture d’un livre de JdR. 
 

 

« Au cœur de la nuit, le regard fixé sur les écrans, j’attends. Sur le téléphone en mode silencieux, des dizaines de messages de proches inquiets ou désespérés s’entassent. Pas la peine de les lire, je sais. Je passe pour un fou, un noctambule qui use son temps et son argent à se préparer et espionner. Ils ne peuvent pas comprendre mais je les protège, contre les monstres.

Une image sur l’écran, IL rentre de boîte de nuit avec une jeune fille. Sa nouvelle proie mais ce sera sa dernière. Je lance le signal, je prends mon pieu en bois et mon poignard en argent. Ce soir, nous chassons. Ce soir, le vampire que nous surveillons depuis trois semaines va disparaître. Et personne ne saura que nous avons tué la menace… »

 

LE PRODUIT : HUNTER, le jugement ; Arkhane Asylum, 2023 :

PITCH : En parallèle de nos vies, une société des ombres s’anime en miroir : vampire, loup garou, mage et spectre existent et souvent, utilisent les humains pour leurs jeux ou comme repas. Tout est fait pour que le monde « vivant » ignore l’existence de ces ténèbres. Pourtant, dans la clandestinité, des femmes et des hommes ont décidé de se battre. Ce sont les Chasseurs !

 

ON JOUE QUOI ? : On y joue des gens qui, ayant découvert l’existence du monde des ombres, décident de l’affronter. Non pas au grand jour, en y dévoilant le complot mais dans la nuit. Détectant, espionnant, ils tendent un piège puis suppriment les créatures des ombres qu’ils ont identifiés. On y joue des humains en rupture avec leurs proches et en marge de la société des ténèbres puisqu’ils la combattent : des marginaux chez les marginaux.

DANS LE CAMBOUI : Les règles sont celles des jeux du « monde des ténèbres » : des caractéristiques et des compétences donnent la main de dés à rouler pour réussir les actions. Ici, pas de magie. Vos personnages choisissent une « pulsion », pourquoi s’en prendre aux forces des ténèbres et un « crédo », comment s’y attaquer. L’association des deux offrent des talents, des capacités rendant les personnages « supérieurs » aux humains normaux, ceux qui ignorent. Les règles se mettent directement au service de l’univers.

 

PLAISIR DE LECTURE : Première claque. Le livre présente la folie des personnages qui font ce choix : se mettre en marge de la société pour lutter contre des créatures qui ne sont pas sensées exister. Les auteurs ont su faire des textes courts et incisifs : c’est nerveux, rapide, sans développement. Les descriptifs des compétences et des caractéristiques sont aussi rapide qu’efficace. On y plonge dans la psychée torturée des gens qu’on va incarner. Ça ne se lit pas, ça se dévore.

PLAISIR DES YEUX : Deuxième claque. Les choix graphiques sont aussi radicaux que le jeu. Les personnages croqués ont des traits simples mais, il y a cette couleur orange vif. Elle circule dans le texte et sur les accessoires des dessins : montres, armes, logo… Ce sont des gens « normaux » mais ils « savent », alors la couleur le souligne. Chapeau à la direction artistique, ce jeu à une vraie identité visuelle. Le orange est la signature, le signal, le point commun et l’appel. Quelle superbe utilisation d’une simple couleur comme note pour lier l’ouvrage.

ALORS ? BIEN OU BIEN ? : Il y a des jeux qui nous parle de leurs époques. Donjons et Dragons représentaient les désirs d’ailleurs des babys boomers. Cyberpunk parlaient à la génération désabusée des années 80-90… Hunter parle du mal de notre époque : le complotisme, les délires diffusés par les réseaux et aggravés depuis la crise sanitaire. Plusieurs d’entre nous ont connu, chez leurs proches, ces personnes s’isolant dans leurs bulles pour poursuivre une quête imaginaire. Et là, ce jeu vous propose de les jouer !

 

Je ne peux pas dire que je me sens bien en le lisant mais je ne suis pas indemne, comme devant le « Joker » de 2019, avec Joaquin Phoenix.

Lire et jouer à Hunter est cathartique. J’ai envie d’y jouer, j’ai peur d’y jouer.

 

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Écrit par Sébastien Fajal

Professeur certifié de l'enseignement secondaire
Animateur de Club de Jeux de rôle
Auteur chez Casus Belli Magazine
Auteur chez d1000etd100

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