L’aventure a ce don de s’inviter lorsque nous l’attendons le moins. Nous sommes là tranquillement, tel des Bilbos sur notre banc à prendre le temps d’apprécier une bouffé de tabac de Longoulet. Quand tout d’un coup, un vieux bonhomme gris au chapeau pointu, viens frapper à notre porte.
« Toc, toc, toc c’est l’aventure ! »
Episode 1 : Un jet de dés inattendu
« Et rien d’inattendu ne survenait jamais » JRR Tolkien (Bah dit donc ça c’est original !)
Vous ne faites pas encore parti de la communauté des joueur.se.s et soudain, sans réfléchir, vous lancez vos premiers dés.
Voilà, votre sort est scellé. L’aventure, vient de commencer…
Un début d’aventure parmi d’autres
Cette situation, bien des personnes la vivent lorsqu’elles découvrent le JDR. Ce mot est d’abord un point d’interrogation, puis une onomatopée qui se veut intéressée ; pour évoluer en un plaisir qui croît et enfin, devenir une véritable passion.
Ce fut le cas pour moi sur deux plans. La (re)découverte du JDR et la découverte de ma maladie mentale. Le lien entre les deux ? Le hasard des dés.
J’ai lancé ma première poignée un jour froid et gris, très significatif des hivers en Ile de France. Pour se faire, je me suis dirigé vers l’hôpital psychiatrique le plus près de chez moi. Mon personnage IRL s’en allait pour vérifier si mes colères à répétition étaient juste une histoire de caractère ou bien, autre chose.
Les dés ont roulé. Le docteur les a regardés. Il m’a regardé. Et il m’a diagnostiqué dépressif.
Le mot « dépression » est très souvent utilisé. On l’utilise même pour la météo. Mais la réalité médicale est un tableau plus troublant. Je pourrai parler des heures de ce qu’est, ce que peut être, les pourquoi, les comment et les différents masques de la dépression. Mais cela m’éloignera peut-être un peu trop du JDR
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Première campagne en Psychiatrie
Ainsi je viens de lancer mes premiers dés dans cette nouvelle aventure ; dans le monde merveilleux, de la psychiatrie. C’est mon premier échec critique, du moins c’est ce que j’en ai déduit à l’époque. Le voyage commence sur de bonnes bases pour une aventure. A savoir que le personnage commence avec des handicaps en arrivant dans un monde qui lui est totalement inconnu.
Pour pimenter cette première campagne, une semaine plus tard tombe le premier confinement. Cela me permet de descendre progressivement vers un royaume sombre, gluant et cauchemardesque. Vous décrire les formes, les odeurs, les douleurs, les images vous demanderez probablement de lancer un dé de Santé Mentale (SAN). Avouez que ce serait vache pour un premier article.
Je dois affronter des monstres comme le réveil ou sortir de mon lit. Je me fais ensorceler par la malédiction de la prise de poids incontrôlée. Je lutte comme je peux contre les harpies de l’insomnie. Je me plonge dans des océans d’écrans en me débattant entre les films de science-fiction dark et les matchs de fifa ou, les parties d’age of empire jusqu’au plus profond de la nuit.
Dans ce monde, progressivement et avec l’aide du confinement, j’oublie mes collègues, j’oublie mes amis, j’oublie ma famille. Parfois je reste des heures loin de ma copine alors que nous étions confinés dans la même petite maison. C’est donc une aventure assez solitaire, du moins c’est ce que je perçois. Car en vérité, je suis énormément aidé, soutenu et partage cette aventure avec L, ma copine. Elle aussi se rue sur tous les monstres avec bravoure et triples attaques en ignorant sa propre classe d’armure. Sans elle je n’aurai jamais réussi à revenir de cette première campagne pour venir vous la conter aujourd’hui.
Et du coup ce JDR ?
Et bien ce JDR est à ce moment précis, qu’un vague souvenir positif. Un souvenir clermontois où ma vie d’étudiant en Histoire est à son apogée. J’ai du temps pour étudier, geeker, jouer et découvrir le JDR. Une proposition d’un copain d’un copain de me joindre à une compagnie dans l’univers de GOT (Game of Throne).
La première partie qui m’a tout de suite émerveillé comme un enfant qui découvre pour la première fois, la fête de noël. Très vite je m’investis dans mon personnage et cette histoire partagée avec des chouettes personnes. Le MJ de cette campagne reste et demeure celui qui craque la première allumette sur ce brasier que représente désormais pour moi le JDR.
« Certaines choses qui n’auraient pas dû être oubliées furent perdues » JRR Tolkien
Mais, les affres du travail et des mutations m’extirpe loin des montagnes pour m’amener dans des terres d’un tout autre aspect : l’île de France. Vous dire que mon personnage IRL se sent en territoire hostile serait minimiser l’impression. Après cela demeure un sentiment très personnel. Je n’ai rien contre les franciliens, je comprends même celleux qui y trouvent leur bonheur. Simplement moi, je m’y sens seul au milieu de cette immense foule. Je m’y sens dévasté face à autant de relief inexistant. Je m’y sens triste tout simplement.
Le travail, les longs trajets en transports en commun, les réveils à 5h du matin et les couchés à 1h du matin, les aléas qui oscillent entre les grandes joies et les tragédies, le JDR qui est dans mon coin de tête s’évapore petit à petit. Je l’entends qu’il m’appelle de sa petite voix elfique. Malheureusement la vie des grands adultes qui me demandent d’être responsable me force à lui tourner honteusement le dos. (L’audience est indignée et elle a bien raison).
Une rencontre inopinée
Aussi improbable que la rencontre d’un anneau avec un hobbit, cette flamme éteinte fut rallumée un jour, par hasard, au même moment où je découvre que ; je ne suis pas « pas dépressif » (en dépression mais pas dépressif ,vous allez comprendre).
Mon psychiatre, après quelques mois à tenter de trouver un traitement fonctionnel, me donne un médicament qui perce à jour l’identité de mon véritable trouble. Mon personnage, peut donc ajouter une nouvelle ligne sur sa fiche de personnage. Je lance de nouveau les dés. Mon psychiatre les regarde et m’annonce le résultat … au prochain épisode.
C’est émouvant pour moi aussi mon filleul.. J’ai hâte de lire la suite et tes ecirits serviront à plein d’autres… Je t’embrasse