Je devisais tranquillement avec mon ami Jsan devant le stand des Courants Alternatifs, où l’on trouvait, entre autres les jeux courts de Trop Long ; Pas-Lu quand, me retournant, je vois une ardoise Véléda sur laquelle est inscrits en gros « Gobelin qui s’en dédit, partie à 14h ». Le titre m’interpelle… Je ne sais pas, comme un appel divin (ou diabolique).
« Gobelin qui s’en dédit » de Gauthier LACOURTE, Yannick PERRIRAZ, illustrations de Thibaut TRINKLIN, chez Posidonia Editions
Ceux qui connaissent mon goût pour les systèmes simples et les concepts ovniesques ne seront pas surpris de lire ici à quel point ce jeu m’a plu.
Le Temps est relatif disait tonton Albert…
Un peu plus tard, je repasse par là et vois un groupe attablé. Je me renseigne donc et rencontre ainsi Gauthier LACOURTE, coauteur de ce jeu, barbu, chevelu, le sourire sincère et le regard pétillant de malice qui laisse présager une bonne ambiance. Malin, il ne me glisse que deux trois indices concernant le concept, juste assez pour piquer encore plus ma curiosité.
Je courre donc m’inscrire pour cette partie de 14h, et là, stupéfaction, on m’annonce fin de la partie à 22h !
– What ? (Ils ont dû se tromper) 22h ? Vous êtes sûrs ? demandé-je…
– Si, si, 14h -22h, c’est ce qui est annoncé.
Le problème c’est que je suis venu avec mes deux ados, qu’on est là depuis 8h du mat, et que ma compagne m’attend à la maison avec le petit dernier à environ 2 heures de route si ça roule bien.
Je reste coi, je reste con, mais je ne sais pas pourquoi, ces mots sortent de ma bouche :
– Tant pis, inscrivez-moi !
Maintenant, parlons peu mais parlons jeu.
L’idée de base
On est dans un genre MedFan, mais sous un angle de vue inhabituel puisque, en effet, Gauthier n’a pas menti et vous incarnez les méchants ! Oui, les méchants, mais pas les grands méchants, noooooon , ce serait trop simple. Vous incarnez la piétaille, la chair à canon, la quotité négligeable des armées du chaos. Vous savez, ceux que, dans les JdR classiques vous vous amusez à réduire en pâtée pour looter 2 malheureuses PO et un bout de viande séchée même pas comestible, et bien là, les affreux, c’est vous !
Voilà pour le contexte.
C’est des Fiches PJ ça ?
Allez hop, nous sommes 6 joueurs autour de la table. Gauthier nous prête des dés pour ceux qui n’en ont pas, et en donne même à ceux qui n’en ont pas chez eux (beau geste). Il nous tend à chacun une pile de fiches de personnages, oui, une pile, avec ces mots rassurants : « Tu vas mourir de nombreuses fois »…
La fiche PJ, c’est toujours l’un des premiers trucs que je regarde dans un JdR. Découvrir une fiche PJ, c’est un peu comme ouvrir une boite Petit-Navire, ça donne le ton (CC BY-NC-SA sur ce jeu de mot pourri).
Alors cette fiche PJ de Gobelin qui s’en dédit, elle ressemble à quoi ?
Il faut se la représenter genre gros post-it, ou un sous-bock. A vu de nez, je dirais un format 10×10. Sur le recto, la fiche proprement dite, avec tout ce qu’il faut dessus, rien de plus, rien de moins. Sur le verso, les aides de jeu pour la création des persos et pour les jets de dés. Tout est là, en deux fois 10×10 cm ! Et même pas besoin d’une loupe, non, c’est clair, propre, avec un désign assez fun. Bref, c’est fort !
De la mécanique quantique… ou pas
Gauthier nous explique ensuite les règles rapidement, et en effet, pas besoin de long palabres ni de nœuds au cerveau : ça va vite, et on comprend très facilement. Je vous résume ça en gros, en espérant ne pas me tromper.
Pour créer un perso d’abord… 3 jets de dés : 1D20, 1D10, 1D6. 1 ou 2 choix à faire et hop ! Voilà, votre perso est prêt ! Paré à mourir pour la cause du Mal et du Chaos ! Je grossi à peine.
Ensuite, les résolutions : Les actions se font au D100 ; Les attaques au D10x2 ; Les défenses au D20. Le plus gros score des oppositions l’emporte.
1d100 … 002 ! Armageddon !
Pour les actions, les deux co-auteurs ont eu une idée que je trouve géniale : en plus des classiques Réussites et Echecs modérés ou critiques, ils ont introduit la réussite ou l’échec critique collectifs ! Oui, COLLECTIFS ! C’est-à-dire que le jet pourri d’un seul joueur peut entraîner la fin brutale et souvent risible de l’ensemble du groupe.
Fort heureusement, des Points de Chance sont justement là pour ça et c’est ce qui bien souvent sauve vos miches de gobelin, de squelette, de troglodyte ou je ne sais quoi : ils vous permettent de relancer ou faire relancer n’importe quel dés, et accrochez-vous… même ceux du MJ !
Mais, car dans cette once de magnanimité il y a un mais… lorsque vous dépensez un point de chance, le MJ gagne un Point de Gros Bâtard, et au bout de 5, il pourra lui aussi relancer, faire relancer, ou pire, vous faire un coup bien tordu qui vous renverra tous en enfer !
Tuer et mourir oui, mais avec style !
Sur la fiche, existe une case « Style » que l’on coche dans un cas bien précis qui m’est sorti de la tête, et qui vous octroie un jeton ; jeton qui vous permettra d’infléchir le court du scénario à un moment que vous jugerez crucial.
On trouve aussi sur les fiches PJ une case « Fraticides » permettant de compter le nombre de copains dézingués… ben oui, on est chez les méchants tout de même ! Ces Fratricides sont d’autant plus courants que le fait d’être le dernier debout vous permet de pexer.
Voilà, j’ai presque tout dit des règles, qui comme vous le constatez, sont vites comprises et retenues.
Vous avez demandé du fun ?
Revenons à notre partie. Gauthier nous a concocté un scénar hors des sentiers battus, puisque exceptionnellement, nous ne sommes pas plongés dans un univers MedFan, mais dans les tranchées au cours de la seconde guerre mondiale. Les savants occultistes nazis ont en effet trouvé le moyen d’ouvrir une porte vers un monde MedFan pour y enrôler de la piétaille bon marché et y profiter de la magie. En réponse, les alliés sont eux aussi entrés en relation avec ce monde pour y recruter les forces du bien. La guerre s’est éternisée et nous, vaillantes créatures du chaos, sommes missionnées pour faire reculer les lignes ennemies, en faisant taire les mitrailleuses et sécurisant les bunkers… Trois Mitrailleuses canardent nos positions, les balles sifflent, les obus font trembler le sol dans un fracas assourdissant ! Tout un programme.
Départ précipité
Suite à la mort de mon 4ème ou 5ème personnage, et à l’occasion d’une pause après environ 3h de jeu et de franche rigolade, je suis contraint de quitter à regret cette joyeuse table pour raison familiale évoquées plus haut.
J’ai joué de 14h à 17h, et personnellement je n’ai pas vu le temps passer ! Juste quelques temps plus calmes entre la mort d’un perso et le catapultage du suivant dans l’action par le jovial MJ Gauthier qui raconte les scènes avec force détails loufoques et décalés. Un vrai plaisir !
Au final
Comme à peine sous-entendu dès le début de cet article, j’ai adoré ce jeu ! Alors oui, si vous êtes fan de fiche perso hyper-méta aux calculs complexes sur livret de 10 pages, si vous kiffez les univers décrits sur une encyclopédie de 350 pages hors suppléments, si vous êtes prêts à mourir pour que survive, pèxe et up votre perso bien aimé, soyons clairs : ce jeu n’est pas pour vous ! Quoi que, ça ne peut pas vous faire de mal non plus hein…
Comme le système est simple à comprendre et très fluide, je me vois très bien apporter facilement 2 ou 3 adaptations pour le faire joueur aux jeunes en situation de handicap mental, et je pense qu’il sera donc très certainement dans ma liste de noël à ma direction quand j’aurais enfin mon budget.
Et puisqu’on parle de budget
Ce génial petit jeu d’auteur de chez Posidonia Editions est en pleine Campagne de Financement Late Pledge sur Game On Tabletop et ce jusqu’au 12 décembre seulement. Il vous reste donc peu de temps pour participer et soutenir ce projet que je vous recommande chaudement !
Lien vers la CF : Gobelin qui s’en dédit
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