« Bon OK, le village des Caleds est devant nous… Je distingue 8 huttes, un petit feu de camp et la cage, avec j’imagine Kara ! Préparons un plan ! Euhhh mais attends, où est passé Marc L’Enclume ? Et Tic & Tac ? » (Rufus et Pontios, frères barbares que les joueurs contrôlent) A quelques dizaines de mètres devant : « Chaaaaarrrrggggeeeezzz ! Venez goûter à ma hache bande de lopettes ! »
Les aventures d’un jeune MJ en Clinique de Psychothérapie Institutionnelle Saison 3, Épisode 8 : Beasts & Barbarians
Bonjour à toutes et à tous !
Pour ceux qui ne connaissent pas encore mon projet, je suis infirmier dans une Clinique de psychothérapie institutionnelle et j’ai la chance de pouvoir pratiquer le JdR avec des ados hospitalisés. A travers mes compte-rendu, j’essaye de vous présenter ma pratique au près d’un public particulier et les effets « thérapeutiques » possible que j’en tire.
De retour de vacances (et j’y retourne très prochainement), me voilà ressourcé et prêt à reprendre l’atelier ! Pour cet été, l’objectif est d’animer des séances plutôt décomplexées et fun. Je dois également pouvoir gérer facilement les absences (les jeunes ont le droit à un mois de vacances) et j’aimerais rester sur un seul et même jeu. Autant vous dire que j’ai sauté sur la grosse promotion Beast & Barbarians des amis de chez Black Book Edition, tant l’offre ludique semblait correspondre à mes besoins (et à mon côté acheteur impulsif de JdR) !
1) Le jeu
A) La Sword & Sorcery
Finalement, c’est quoi ce style ? Je vais prendre la définition de Lyon Sprague de Camp, publiée en 1976, dans l’essai Literary Swordsmen and Sorcerers :
« C’est le terme par lequel les aficionados qualifient affectueusement cette de école de fiction fantastique dans laquelle les héros sont plus héroïques, les vilains tout à fait infâmes et où l’action prend totalement le pas sur le commentaire social ou sur l’introspection psychologique. En un mot, la Sword and Sorcery est une littérature de pur divertissement. »
Ce que je trouve intéressant, c’est le côté « épisodique » que peut revêtir ce style (Je pense à Conan, ayant lu quelques nouvelles d’Howard). Les héros commencent souvent une session fauchée, ils sont appâtés par un gain X ou Y (Demoiselles / Damoiseaux en détresses, ancien trésors, poids en or, …), l’aventure ce passe et on raconte à la fin de la séance comment le personnage a dépensé / perdu son butin (Jeux d’argents, Alcool, Courtisan(e)s, Entourloupe, …) et on repart pour une prochaine histoire ! Savage Worlds et plus particulièrement Beast & Barbarians permettent d’émuler parfaitement ce fait. D’un côté il y a la mécanique d’interlude, permettant aux héros qui le souhaitent de raconter une histoire personnelle au coin du feu, avec en récompense le gain d’un jeton. De l’autre, le jeu dispose d’une table de péripétie post-aventures, permettant de savoir ce qu’il va se passer pour les personnages (et à leurs butins) entre deux aventures ! (Beuverie, trahison, découvertes, repos, …) C’est assez rapide et parfaitement dans le ton !
En terme d’ambiance, c’est un monde proche de l’age de bronze, pleins de ruines anciennes à explorer, de sorciers ayant de sombres desseins, de pygmées et autres cannibales à combattre, de demoiselles / damoiseaux à secourir, … Bref, tout les poncifs du genre sont présent et c’est très facile de jouer avec les stéréotypes, tout en variant les aventures. (Explorations, sauvetages, cambriolages, intrigues urbaines, …)
B) Savage Worlds « Fun, Fast & Furious »
Tout d’abord, difficile de parler de Savage Worlds sans toucher un mot sur l’équipe de passionnés de chez Torgan ! Ce site est une vrai mine d’or en conseils, aides de jeu, scénarios, … Je me suis particulièrement appuyé sur la traduction des règles de base sous la forme bande dessiné pour présenter le jeu. C’est disponible ici : http://savage.torgan.net/2018/07/savage-worlds-les-regles-en-bd.html
Finalement Savage Worlds, comment ça tourne ? On lance son dés d’attributs (D4 à D12) + le dés « joker », un D6, et on cherche à faire 4 ou plus sur un des deux dés pour que l’action soit réussie (pas d’addition entre les deux dés). La où ça devient « fun », c’est que les dés sont explosifs ! C’est à dire que si j’ai un dés qui atteint son score maximum et bien j’en relance un autre (lui aussi explosif) et j’additionne les résultats, permettant des réussites particulièrement épiques ! Les résultats se lisent par pallier de 4, les relances, chacune augmentant la qualité de la réussite.
Le système de santé est un peu particulier, pas de points de vie ici, on parle de blessures. De façon résumé, il y a un premier jet de combat opposé au score de parade de la cible. Si c’est réussi, l’attaquant peut lancer son jet de dégâts face à la résistance de la cible. Si on dépasse le seuil de résistance, on inflige l’état secoué + une blessure par relance. Les héros (PJ comme PNJ) peuvent encaisser trois blessures, au delà ils seront inconscients. La piétaille est simple à gérer, car à la première blessure ils sont K.O !
Le jeu utilise également des jetons pour symboliser des points de « chances », permettant de relancer des jets de dés (compétences mais également dégât dans Beasts & Barbarians) et d’éviter des blessures via des jets d’encaissements ! Les joueurs en ont trois au début de chaque sessions et ils peuvent en gagner en diverses occasions. (RP, récompenses, après avoir raconté au groupe un élément de l’histoire de son personnage (intermède au coin du feu) et après avoir tiré une carte Joker lors de l’initiative) De même, les PNJ importants du MJ en ont également (2 par PNJ important) en plus d’un pool correspondant au nombre de joueurs à la table.
Un jeu de carte de 54 cartes est aussi utilisé pour différentes occasions (Initiative lors des combats, tirage aléatoire du thème de l’intermède du PJ, tirage des aventures entre les sessions justifiant la perte du butin, …). Tiré un Joker est un petit événements en soi, permettant d’agir quand on veut avec un bonus, en plus de gratifier chaque joueur d’un jeton.
Enfin, le jeu préconise l’usage d’une battlemap.
Personnellement, j’aime bien avoir du matériel à ma table, encore plus dans le cadre de mon activité professionnelle, afin de faire une passerelle avec le jeu de société, l’autre activité que je mène à la clinique. En résumé, à la table, on va avoir tout les dés spécifiques au jeu de rôle (Du D4 au D20), des jetons de pokers, un jeu de cartes de 54, la battlemap et les tokens représentant les PJ / PNJ, la carte du monde, …
2) Le groupe
Samuel, le retour : La sortie approchant pour lui, ça sera peut être son ultime baroud d’honneur à l’atelier. Des la création de personnage, j’ai dû le cadrer afin d’éviter qu’il refasse un personnage un peu trop « border » (En l’occurrence j’ai sabré son envie de faire un sorcier). L’expérience passé m’a montré qu’il n’est pas subtil du tout dans l’interprétation des nuances et il peut très facilement, de part son comportement, suscité le rejet de ses pairs. Alors certes, j’aurais pu le laisser créer à son envie afin de « tester » les effets de son hospitalisation mais connaissant le loustic, j’ai joué la carte de la sécurité. Il s’est rabattu sur un personnage similaire à son rôdeur sur D&D, qui semble tout de même bien lui convenir.
Marius : Fan de Conan devant l’éternel, il attendait de pied ferme les sessions de Beasts & Barbarians. Sans surprise, c’est le barbare en pagne avec sa hache à deux mains qu’il a choisi d’incarner !
Damien : Toujours difficile de faire des choix pour lui, il s’est finalement décidé à créer un fauconnier ! Le lien avec l’animal est quelque chose qui semble l’attirer. (Il participe à un atelier d’équithérapie) Par ailleurs, il est dans un phase assez difficile en ce moment, nous laissant croire que la situation et le diagnostic sont peut être bien plus délicates qu’il n’y paraissait de prime abord. Et si derrière ce masque et cette situation d’échecs répétés se cachaient quelque chose de plus « pathologique » ? Son médecin a constaté à plusieurs reprises qu’il est très difficile d’inclure la famille dans le circuit de soin et il pense qu’il serait judicieux de construire le projet sans eux. (Délicat pour un jeune qui a tout juste 18 ans…) Bref, une réunion de constellation va avoir lieu pour faire le point sur son projet à la Clinique.
Jérôme : Clairement, la Sword & Sorcery il ne connaît pas du tout, il a donc eu du mal à se projeter dans l’univers. La mécanique d’atout / handicap permet néanmoins de donner corps à pas mal de fantaisies… Le voilà donc en contrebandier ultra-charismatique ! Par contre, il a choisi l’archétype « personne en détresse », le rendant bien moins efficace au combat mais permettant d’aider / motiver ses collègues. Petite forme pour lui en ce moment, il a de nouveau été refusé à une formation dans le domaine de l’informatique. Nous allons essayer de travailler avec lui le fait qu’il est également responsable de ce refus. (hygiène douteuse, aucun travail en dehors des cours…) De plus, le médecin vient d’acter avec sa mère le fait qu’elle ne subvienne plus à ses besoins en argents. Est-ce que cela va l’obliger à bouger d’une façon ou d’une autre ? (ça fait trois ans qu’il est à la Clinique et je pense qu’on peut dire qu’il devient « chronique »…)
Rémi : Comme à l’époque des essais de D&D5, Rémi a été attiré par le personnage du Moine, expert en arts martiaux. Le voici donc en Moine illuminé de Lhoban ! Pour rappel, Rémi présente un surpoids important, il assez donc assez tentant d’imaginer la projection fantasmée dans son avatar… Je me répète mais je crois qu’une vrai relation s’installe entre nous à travers les ateliers. Je l’ai enfin « rencontré ».
3) La séance
Pour une séance de découverte, ce fut super chouette ! Bien entendu, en terme de règles c’est encore balbutiant pour tous, mais la base est simple et souple. Facile donc d’improviser à la volée si besoin est.
J’ai choisi de faire jouer l’un des scénarios du livret de l’écran, « Des Loups dans la Terre Frontière ». Scénario permettant une mise en place du groupe rapide et de tester différents aspects du jeu (Combats, poursuites, sorcellerie, gestion des PNJ par les joueurs, sauvetage de demoiselles en détresses …). Bien entendu, le tout dans une ambiance typique de la Swords & Sorcery, proche du film « le 13e guerrier » ! (Jungle maudite, Druide dément, sauvages cannibales, …)
Les joueurs se sont assez rapidement appropriés le système, surtout les jets explosifs et l’utilisation des jetons ! Le système de cartes pour l’initiative fonctionne du tonnerre et met une sacré ambiance à la table. Par contre, les combats sur battlemap sont toujours un peu long, mais à l’usage, une fois que toutes les (nombreuses) options seront assimilées, (Ruse, les différents types d’attaques, la gestion des actions, …) j’ai bon espoir que ça soit plus fluide. (Pas de pool de PV exponentiel à la D&D)
L’ambiance était vraiment sympa, les joueurs se lâchant sur l’aspect pulp et sauvage du monde. Clairement, l’absence relative de code d’honneur à permis un relâchement général. Les noms d’oiseaux étaient légions mais toujours dans la joie et la bonne humeur !
« Et dis donc Winnie, des gros tas comme toi j’en prends trois tout les matins en me levant ! » (Tentative de Sarcasme pour déstabiliser le boss de fin, bien édulcorée pour la publication)
Nous avons eu le droit à deux beaux intermèdes. Le premier, mené par Damien, nous a emmené sur le territoire de l’amour avec une couturière de Jalizar… Son personnage doit trouver une somme d’argent suffisante pour pouvoir l’épouser ! Le second, mené par Rémi, nous a emmené sur les montagnes du Lhoban, haut lieux spirituel pour son peuple. Il nous a raconté comment il a obtenu ses dons, dans un rite de passage allégrement pompé sur Iron Fist, le héros de Marvel. (Il a sous estimé ma culture le jeune homme ! :D) C’est un système intéressant, permettant à ceux et celles qui le souhaitent d’étoffer le background de leurs personnage à la volée, tout en donnant des pistes pour de nouvelles aventures !
A noter la mort du personnage de Damien lors du combat final… Ils se sont mordus les doigts d’avoir grillé tout leurs jetons avant. (Pour une fois que je gère pas trop mal l’opposition et que je consomme leurs ressources, je suis assez fier de moi !) Pour la beauté du geste, ça sera son fidèle faucon qui vengera son maître, en grignotant les yeux de l’ours !
Conclusion
C’était Fun, Fast (un peu) et Furious (Beaucoup !) ! Pari réussi pour Beasts & Barbarians ! je vais donc sereinement pouvoir poser mes valises sur ce jeu pour l’été, ce qui devrait correspondre à 4-5 séances.
Je pense essayer d’augmenter la fréquence des parties pour les vacances à une voir deux séances par semaine, les vacances scolaires offrant bien plus de souplesses en terme d’emploi du temps respectif.
Je poursuis mon cheminement sur la future campagne à la rentrée, mais Rémi m’a rassuré sur ce point : « ça serait cool de pouvoir jouer régulièrement avec les mêmes joueurs, afin de sentir la progression de son personnage et de l’univers. »
A très bientôt !
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