#JDRpsychiatrie saison 4 : Marius

Hello ! Je suis de retour pour continuer la narration de ma petite aventure ludique au sein d’une Clinique de psychothérapie institutionnelle. Cette fois-ci, je vais m’attarder sur un de mes habitués de longue date, Marius.

Entrée dans les soins :

C’est un homme d’une cinquantaine d’année avec un passé psychiatrique long comme le bras, comportant de multiples hospitalisations (27 depuis 1991 !), et à peu près tout les diagnostics possible et imaginable. (Psychose chronique, schizophrénie paranoïde et hébéphrénique, trouble anxio-délirant, dépression chronique, …)

Sa sœur est psychanalyste et c’est elle qui a adressé Marius à la Clinique, avec l’espoir qu’il effectue un travail un peu plus en profondeur et qu’il se pose.

C’est un homme qui fait “abîmé” par la vie qui se présente à nous, plutôt obséquieux au démarrage, avec un côté “Joe l’embrouille/Mafieux” assez agaçant. Il a tendance à monter très vite dans les tours, s’invectivant pour tout et prenant à bras le corps certaines causes… A noter une certaine aisance à nouer contact avec les autres, pour le meilleur comme pour le pire !

Je vous cite l’observation d’entrée : “Prise en charge d’une personnalité atypique intriquant problèmes somatiques et psychiques qui souhaite avoir le temps d’évacuer ses soucis, les identifier et se reconstruire.”

Évolution et quotidien :

Le premier objectif était bien entendu de prendre le temps et d’affiner les hypothèses diagnostics. Il nous a “filouté” de très nombreuses fois (Sous location de son appart qui a finit en lieu de passe pour un réseau de prostitution, introduction d’alcool, revente sauvage de cigarettes, location de sa 4G (Si ça n’est pas preuve de sa grande capacité d’adaptation…)) mais après plusieurs recadrages, il a réussi à se calmer. (ou être bien plus discret)

Dans la Clinique, il a très rapidement été le centre d’un petit groupe de personnes, majoritairement de jeunes filles. Au premier abord, cela nous a quand même posé question mais au final, c’est avant tout un côté paternaliste et une bienveillance certaine qui ressortait de ces relations. A noté qu’il a une formation d’Aide Médico-Psychologique (AMP).

Pour sa labilité émotionnelle, elle s’est peu à peu calmée avec le temps, mais il a décidé il y a 6 mois de ça d’arrêter (avec accord médical) son traitement thymorégulateur. Les premiers jours, tout allait bien, puis il s’est totalement désorganisé ! Il faisait des choses sans queue ni tête, semblait absent, ne dormait plus… Bref on a très rapidement remis en place le traitement et il est revenu à son état initial. Il nommera cette semaine comme étant celle de la “folie ordinaire”, petit clin d’oeil aux “Semaines de la Folie ordinaire”. (Les Semaines de la Folie ordinaire (SDLFO) ont été créées en 2011 à Reims par le collectif Artaud, un collectif de patient(e)s et soignant(e)s, en contrepoint des « Semaines d’information sur la Santé mentale ».) Cette “fenêtre thérapeutique” (arrêter les traitements et observer les symptômes qui ressortent) nous a permis de confirmer l’hypothèse du trouble de l’humeur.

Aujourd’hui, il est bien plus calme, il a remis ses finances quasiment à plat (très endettés et en très mauvais terme avec son curateur) et il progresse dans sa psychothérapie. Il a rendu son appartement parisien et il envisage à terme d’emménager dans la région. Bref, c’est une belle évolution, une véritable relation de confiance s’est installée entre lui et l’équipe et bien que ça soit parfois douloureux (prise de conscience, changement de prisme de vue sur certains événements de sa vie, …), il est courageux et il chemine vers un mieux être durable. Il est également élu depuis peu au sein du Bureau du Club Thérapeutique et il compte prendre le poste de “Ministre des affaires étrangères”. Il va chapeauter et participer à toutes les rencontres entre les différents Club de France (voir du monde !)

L’atelier Ludi’Rôle :

Comment ai-je pu l’harponner sur du jeu de rôle ? La réponse tient en un mot : Conan ! Marius est un immense fan devant l’éternel du personnage d’Howard et le côté très “frontal” du Barbare lui correspond plutôt bien. Il a donc très rapidement rejoint la table et sans surprise, toujours avec un barbare ! Dans un premier temps, il prenait beaucoup de place et surtout, il s’appropriait rapidement le rôle de chef du groupe. Amusant durant deux trois séances, il a par la suite commencé à épaissir un peu son personnage et son historique (dernier membre vivant de sa tribu, …), devenant même parfois émouvant en se prenant d’affection pour certains PNJ et en prenant des risques pour les aider. (Sans oublier les tripailles et le tas d’or hein, faut pas trop déconner non plus.) Sur ce même laps de temps, son rôle autoproclamé de chef s’est mué en rôle de médiateur et de façon assez surprenante, il est devenu un Barbare Démocrate. (Il tape et se met en rage, mais il propose des votes pour les décisions et médiatise les disputes en proposant des torgnoles)

Je pense que le jeu de rôle lui a permis de rencontrer l’autre, mais aussi lui même. Le parallèle entre le barbare sauvage et sa personnalité est assez évident à mes yeux aujourd’hui. Je pense que ça a pu l’aider à se positionner dans le groupe. Comment mettre en avant ses envies et ses compétences sans écraser (au propre comme au figuré) les autres ? De même, c’est un moment assez récréatif et il aime bien utiliser son imaginaire et en faire profiter les autres.

Son personnage dans la campagne actuelle :

Actuellement, nous sommes en train de jouer la campagne urbaine du “Vol des dragons” de D&D5 et je dois bien admettre que j’avais peur d’avoir un barbare défonçant toutes les portes… Et bien je me suis trompé ! De façon très surprenante, il a (légèrement) changé son fusil d’épaule en choisissant un Guerrier Sangdragon, Héros de son petit village pour avoir repousser une grosse bête et venu à Waterdeep chercher du boulot ! La diffusion du code pénal de la cité l’a curieusement fait basculé du côté “loyal” de la force, composant du mieux qu’il peut avec la loi. Il semble prendre plaisir dans la gestion de la taverne et bien qu’il attende les combats avec impatience, il joue le jeu de l’investigation.

Est-ce un reflet de l’évolution plus durable de Marius ? Fini la sauvagerie, on essaye de rentrer dans la carcan des règles en acceptant leurs fonctions ? Est-ce simplement une lassitude de son barbare (il n’a joué que ça durant deux ans quand même…) ?

Conclusion :

Voilà ! J’ai essayé d’être un peu plus concis, mais ce n’est pas évident avec les “gros dossiers”. Comme d’habitude, je suis preneur de vos retours ! (Sur le fond et la forme)

Je terminerais avec une citation de Marius lui même à mon égard : “Jérémy, vous êtes à la fois le plus rationnel et le plus irrationnel de mes référents” (L’irrationnel désigne bien entendu le JDR !)

A bientôt !

Jérémy

Écrit par Jérémy GUILBON

Auteur de la Chronique #JDRPsychiatrie

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