Si la battlemap n’est pas indispensable pour faire du jeu de rôle, une fois qu’on y a goûté, difficile de revenir en arrière. Chez Bad News on Radio, ce sont les décors post-apocalyptiques qui règnent. Et dans ce domaine, Amatsu s’est forgé une place à part, avec des créations riches, immersives, et pensées avant tout pour les plateformes de jeu en ligne comme Roll20, Foundry VTT, Let’s Role, ou Fantasy Grounds.
Qu’est-ce qu’une Battlemap ?
Derrière ce terme anglais se cache simplement une “carte de bataille” : un plan vu du dessus, quadrillé ou non, destiné à représenter un lieu stratégique pour une scène de jeu de rôle. Les battlemaps sont souvent utilisées avec des figurines ou des tokens pour visualiser les déplacements, les interactions, et les combats.
Mais une bonne battlemap, ce n’est pas qu’un plan : c’est un véritable outil narratif. Amatsu, créateur passionné et auteur du site Bad News on Radio, explique :
« Une battlemap, c’est une carte vue de dessus, riche en détails, qui permet de représenter un lieu stratégique dans un scénario de jeu. Elle devient un support visuel puissant pour les MJ : elle aide à poser une ambiance, à structurer les interactions, à gérer les positions des personnages, et surtout, à rendre les scènes plus immersives. C’est un peu le décor silencieux qui raconte déjà une histoire. » (Amatsu)
Le travail d’Amatsu : du sur-mesure Post-Apocalyptique
Contrairement aux univers fantasy qui dominent encore largement la production de battlemaps, Amatsu a fait le choix du post-apocalyptique. Friches industrielles, stations-service abandonnées, villes ravagées, abris de fortune… Chaque carte est pensée pour évoquer une narration implicite, un contexte dramatique sans même avoir besoin de dialogues.
Combien de temps cela te prend-il pour créer une battlemap complète ?
« Ça dépend vraiment de la complexité de la carte. En général, je dirais entre 2h et 15h par map. Il ne s’agit pas simplement d’assembler des éléments pertinents : il faut réfléchir à la cohérence du lieu, à la narration implicite qu’il peut porter, et à la manière dont les joueurs et le meneur vont pouvoir s’en emparer. Une bonne battlemap post-apo doit pouvoir servir de point de départ à une scène, voire à tout un scénario, sans que le meneur ait besoin de beaucoup broder autour.» (Amatsu)
Et son travail ne s’arrête pas à la carte “brute” : les soutiens de son Patreon (ou équivalent français comme Tipeee) peuvent accéder à de nombreuses variations : de nuit, irradiée, envahie par la végétation, sous la neige, en version plus urbaine ou plus aride. Jusqu’à 30 déclinaisons par carte.
Un marché de niche… dans la niche des Battlemaps
En France comme ailleurs, la battlemap est encore trop souvent cantonnée au médiéval-fantastique. Donjons & Dragons dicte ses codes visuels, et les cartes post-apo sont rares.
« Très peu de créateurs se consacrent exclusivement au post-apocalyptique, l’urbain et le moderne. C’est d’ailleurs ce qui m’a permis de me faire une petite place. » (Amatsu)
Autre difficulté en France : la frilosité vis-à-vis des outils numériques. Si aux États-Unis, les VTT (Virtual Table Tops) sont intégrés dans la pratique rôliste, ici, cela évolue plus lentement. Mais le changement est en marche :
« Aujourd’hui, avec la montée des VTT, la communauté s’élargit doucement même en France, et les rôlistes commencent à chercher plus qu’une simple carte : ils veulent un véritable outil narratif. D’une simple carte virtuelle statique, il est désormais possible de trouver des cartes interactives, animées, qui proposent des éléments d’immersion incroyables. » (Amatsu)
Si le marché des battlemaps s’élargit, il ne le fait pas toujours en qualité. L’essor fulgurant de l’IA générative a fait émerger une vague de nouveaux créateurs, souvent plus soucieux de quantité que de cohérence ou de narration.
Amatsu, lui-même créateur indépendant, observe différentes mutations dans le domaine de la création de battlemap :
« Aujourd’hui, être un passionné et savoir bidouiller sur un logiciel de graphisme ne suffit plus pour créer des battlemaps. Et des gros créateurs deviennent peu à peu de véritables entreprises avec plusieurs employés qui brassent différents domaines de compétences. C’est très difficile de se démarquer lorsqu’on est seul derrière le PC. Et il y a un énorme mouvement de nouveaux créateurs qui pullulent avec l’IA générative. » (Amatsu)
Créer des Battlemaps : Conseils aux Futurs Cartographes
Créer une battlemap ne se résume pas à un exercice esthétique. Amatsu insiste sur l’importance de l’intention :
« Lancez-vous, mais faites-le avec une intention. Une battlemap bien pensée, c’est celle qui porte un sens, une ambiance, qui inspire des idées de scènes. » (Amatsu)
Il distingue deux approches efficaces :
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La carte narrative, conçue pour illustrer une situation précise, avec des détails qui racontent quelque chose.
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La carte générique, plus épurée, qui laisse la place à l’imagination du MJ.
« J’ai commencé à faire des maps pour mes propres scénarios. C’est peut-être la raison pour laquelle elles sont réputées comme “vivantes” : elles ont une intention bien définie.» (Amatsu)
Amatsu partage ses créations et conseils sur son blog :
👉 Battlemaps & JDR sur Bad News on Radio
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Conclusion
À l’heure où le jeu de rôle se digitalise, les battlemaps deviennent des leviers puissants d’immersion. Et dans cet univers, les cartes d’Amatsu offrent une ambiance singulière, sombre et évocatrice, au service des univers post-apocalyptiques. Un terrain dévasté, un abri en ruine ou une route barrée deviennent autant de scènes possibles à explorer, à raconter, à vivre.