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Amadou présente : Würm, le jeu de rôle dans la préhistoire

Les lectures rôlistiques d’Amadou

« – Donc, si j’ai bien compris, on va jouer des mecs en slip de peau, armés de bâtons taillés, qui passent leur temps à traquer des blaireaux pour les bouffer et qui peuvent mourir d’une morsure de moufflette ?

– Ouais ! Exactement, marre des orques, zombies ou « cyberIA » démoniaque. Juste nous, le vent, les herbes et les esprits.

– Ok, t’as mangé un gourou new Age avant de venir ?

– Attends, regarde juste là : les illustrations et l’écran.

– …

– Alors ?

– Vas-y, passe-moi une fiche ! »

 
Quoi qu’on en dise, le JdR est d’abord un loisir de lecture, et un JdR est surtout un livre. C’est même le cœur du travail de maître de jeu : lire, comprendre et s’immerger. 
Lire un livre de JdR pour moi n’est pas une lecture comme les autres : difficile de se lancer dans une autre lecture après. Des idées, des images et des émotions me traversent. J’ai envie de les partager, avec vous. 
Dans cette chronique, je vous propose le compte rendu d’une lecture d’un ouvrage de JdR en 3000 caractères environ : plaisir de lire, immersion dans les illustrations et sentiments à la lecture. 
Mon but : poser en quelques mots ce que provoque la lecture d’un livre de JdR. 
 

 

 

LE PRODUIT : WÜRM, jeu de rôle dans la préhistoire, Black Book Editions, Mars 2020.

 

PITCH : 40 000 ans dans le passé, dans une vallée européenne nommée Würm, des tribus d’humains vivent déjà et créent des sociétés. Entre survie, exploration, partie de chasse mémorable et lien étroit avec les mondes des esprits ; c’est un voyage dans notre (bien mal nommée) préhistoire, qui s’offre à nous. 

 

ON JOUE QUOI ? : Nous sommes les membres d’une tribu au cœur de cette vallée. Des chasseurs, des artisans, des explorateurs, des artistes, des chamans… Juste des humains, long ou ours (des néandertaliens), vivant des aventures dont le quotidien est déjà épique.

 

DANS LE CAMBOUI : le système de règle est très épuré. Toute action se résout en roulant 2d6 pour dépasser un seuil. Des talents ou avantages permettent de rouler 3 à 4 dés pour valider le succès. Les personnages sont rapides à créer : choix de l’espèce (homme long ou homme ours), choix des talents (nommés les « Forces »). Le personnage est aussi défini par des scores de « prestiges » et courage qui désignent son influence au sein de son clan. Au centre de la table, une réserve de dé, la manne représente le lien avec les esprits : le groupe y pioche pour améliorer ses chances de réussite. De multiples règles permettent de simuler la chasse, la survie, l’artisanat, les relations sociales, les rencontres entre tribus, le chamanisme… Tout y est assez simple pour permettre une immersion plus facile.

PLAISIR DE LECTURE : C’est une lecture édifiante. J’avoue m’être plusieurs fois demandé si je lisais un livre de JdR ou un documentaire sur la vie quotidienne au paléolithique ! Et c’est un prof d’histoire qui vous parle ; j’en ai avalé des ouvrages touffus sur des périodes historiques occultes. Ici, les différents éléments sont décrits sans développement complexe : juste le plaisir de parler de cette époque et de ces humains.

 

PLAISIR DES YEUX : C’est le point fort de l’ouvrage. Un vrai travail d’artiste ! Le livre déborde de croquis d’animaux, d’outils, s’inspirant des œuvres de l’art pariétal. Certains sont tout en couleur, d’autres crayonnées avec quelques touches d’ocre. Les illustrations nous plongent dans cette préhistoire épique : appellent au voyage dans des paysages sauvages ; plongent dans l’intimité d’un accouchement ou d’une inhumation. On a envie d’aller avec ces personnages, malgré la dureté de la survie dans ces âges farouches. Mention spéciale au bestiaire dont les animaux seraient dignes de figurer dans une salle de classe.

 

 

ALORS ? BIEN OU BIEN ? : Certains jeux plaisent pour leurs règles ; d’autres pour l’originalité de l’univers. Würm est un vrai bijou : une création complète d’un artiste. Les écrits, les images, les concepts se mêlent pour rendre la lecture de cet ouvrage plaisante et inspirante. Et, en prime, le suivi scénaristique de la gamme est d’une qualité égale ! Des histoires fascinantes, des personnages profonds… Je crois que tout rôliste doit un jour jouer à Würm et chasser l’élan à l’épieu, juste le ressentir ; entre deux étripages de troll à l’épée à deux mains.

 

Finalement, le meilleur moyen d’être dépaysé, c’est encore de jeter un coup d’œil en arrière. Merci Emmanuel Roudier.

Écrit par Sébastien Fajal

Professeur certifié de l'enseignement secondaire
Animateur de Club de Jeux de rôle
Auteur chez Casus Belli Magazine
Auteur chez d1000etd100

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