JdR&Education 1: Le début d’une nouvelle Chronique

Le projet de Jeu de rôle éducatif reprend très prochainement sur la structure où je travaille avec un tout nouveau groupe et de nouvelles problématiques. Toujours en partenariat avec la (nouvelle) psychologue de l’établissement, j’ai relancé le projet en travaillant plus précisément sur des problématiques de chaque jeune et en mettant en avant une problématique groupale.

Contrairement à la précédente session, nous avons présélectionné le groupe avec lequel nous allons jouer. Les quatre jeunes concernés sont très intéressés par l’aspect ludique du jeu de rôle.

Les sessions seront courtes, environ une heure suivie d’un débriefing entre professionnel pour affiner les axes de travail

Les objectifs éducatifs

Nous avons préparé les thématiques que nous allons tenter d’aborder lors de la Chronique. Pour la thématique générale, nous allons travailler autour du processus d’individuation. Cette thématique s’est dégagée assez naturellement lors de nos échanges avec ma collègue. Chacun des jeunes à sa manière a besoin de s’affirmer de son identité et trouver sa place dans le monde. Avec le public préadolescents que j’accompagne cette problématique est très présente et l’histoire de chacun exacerbe les difficultés autour de l’affirmation de soi, la prise de décision etc…

Je vais jouer avec Libreté comme la précédente Chronique et le setting “Les Fleurs de Mall”. Ce contexte me permet de plonger les joueurs directement dans les enjeux de Libreté. J’ai créé un front général permettant de travailler autour de l’individuation, de la prise de décision et de l’affirmation de soi.

Les fronts dans les jeux PBTA (powered by the apocalypse : propulsé par l’apocalypse), sont des canevas évolutifs, sorte de petits scénarios très libres permettant de préparer des situations pour les joueurs et leurs laissant libre court pour la résolution. Cela permet au maître du jeu de rebondir et d’improviser sur les actions des joueurs.

Les joueurs vont être confronté aux dirigeants de Libreté, Le Triumphirat, qui prennent décisions de plus en plus incohérentes. Les dirigeants vont être sujets à des crises de colère et  imposer un rationnement des vivres de plus en plus drastiques. J’espère ici inciter les joueurs à prendre position. Vont-ils faire front commun contre le Triumphirat ou soutenir le régime despotique qui se met en place ? Suivant leurs réactions, j’orienterais la suite de la Chronique pour travailler leur positionnement au sein de Libreté, les mettre face à leurs responsabilités ou leur indécision.

Les objectifs personnalisés

En plus de cela, je vais aussi travailler sur des problématiques que nous avons dégagés pour chaque jeune. J’ai développé des fronts individuels pour chacun des joueurs.

Je vais détailler ensuite les quelques objectifs que nous avons dégagé pour chaque enfant et les fronts que j’ai écrit pour les travailler. Les noms des jeunes plus bas sont tous anonymisés.

Lucie, 12 ans

Pour cette jeune, nous souhaitons travailler plusieurs objectifs avec elles principalement autour de la famille et la représentation qu’elle a de celle-ci mais aussi le rapport aux risques de ce qui est dangereux où ne l’est pas. Pour le rapport à la famille, j’attends de voir quel archétype Lucie va choisir ce qui va orienter son personnage et ce qu’elle projette ou non sur celui-ci.

Lucie a un rapport au danger qui peut s’avérer faussé. Elle peut avoir très peur de choses banales et à l’opposé se mettre en danger lorsqu’elle se retrouve dans un lieu inconnu ou sur les réseaux sociaux. J’envisage de mettre en scène une sirène de l’averse nommé Le Confiseur : celle-ci peut prendre plusieurs formes, celle d’un amas de bonbons appétissants, ou d’une forme humanoïde proposant des bonbons accompagnés dans les deux cas d’une douce musique entrainante. Les bonbons sont soporifiques et la sirène va digérer lentement les enfants s’ils se font piéger. Je vais aussi me servir des PNJ de Libreté pour la confronter à des choix difficiles et des tentations et ainsi tester ses réactions.

Marie, 12 ans

Nous souhaitons plus particulièrement travailler autour de la résolution de problème dans la fiction qu’elle pourrait transposer dans le réel. Marie est une jeune très portée sur l’imaginaire et j’espère me servir de cela pour l’aider à mieux gérer les interactions avec les autres qui sont parfois complexes pour elle. Le jeu de rôle dans son ensemble est un bon moyen pour qu’elle apprenne à communiquer avec les autres, et travailler ensemble pour résoudre un problème. Nous voulons aussi faire un travail autour de son identité et son rapport à la paternité, point sur lequel elle se pose beaucoup de questions.

Robert, 11 ans

C’est un jeune très timide et réservé qui éprouve de grandes difficultés à exprimer ses émotions. Libreté par sa mécanique de bile noire va me permettre de travailler indirectement le rapport aux émotions et l’expression de celle-ci.

De plus, j’ai ajouté un résumé de personnage dans les sessions de jeu. C’est une technique que j’utilise à titre personnelle dans les parties orientées drama auxquelles je joue ou je maîtrise. Dans le contexte de cet atelier, je vais inclure ce résumé dans la partie comme un feu de camp de fin de journée où les personnages vont se retrouver ensemble à discuter de leurs journées et échanger autour des scènes qu’ils ont trouvé marquante. Je vais utiliser l’enfantillage (les actions de Libreté) se confier pour le rendre un peu ludique mais l’objectif est de permettre aux jeunes de se confier sur les émotions qu’ils ont ressentis.

Pour Robert, je vais aussi travailler autour de la violence du point de vue de la victime et peut-être de l’agresseur. C’est un jeune qui a été victime d’une agression par le passé. Il remet en scène cette agression en devenant agresseur envers d’autres jeunes. Je souhaite lui permettre d’exprimer son mal-être par rapport à cela dans un cadre sécurisant et que le jeu soit une catharsis à la violence qu’il souhaite exprimer.

Hugo, 14 ans

Hugo est un jeune qui s’intègre peu dans la vie groupe, il est souvent en retrait et s’isole dans sa chambre. Il est aussi sujet à des crises de violence parfois importante lorsqu’il n’obtient pas ce qu’il désire.

A travers le jeu de rôle, je veux tenter de lui montrer qu’il peut être bénéfique d’être intégré à un groupe, de s’entraider… Je vais aussi me servir des liens que les joueurs doivent choisir à la création de leurs personnages pour l’inciter à se lier à un autre joueur ou joueuse et travailler autour de ce lien.

Par rapport à la violence qu’il manifeste, la mécanique de réussite excessive de Libreté me permettra de lui montrer que ses actes peuvent avoir des conséquences sur lui et son entourage et qu’elle a une influence négative sur le monde. J’espère aussi le confronter à la frustration et de l’aider à trouver de moyen plus apaisée de la gérer.

 

Suivi de la Chronique

Vous trouverez d’autres articles prochainement revenant sur des anecdotes de parties et le travail qui a pu avancer avec le groupe. Vous pouvez trouver sur le site mon précédent article qui explique l’utilisation de Libreté dans le contexte de mon travail. Je reste disponible en commentaires si vous avez des questions.

 

 

Écrit par Alexis "Morithil" B.

Éducateur en protection de l'enfance depuis 7 ans.
Rôliste acharné en club et entre amis. Président du Crazy Orc
Créateur de Tales from the Wizarding World

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